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Cultivons la curiosité

True Romance

True Romance

Percer dans le cinéma d'Hollywood est parfois difficile. C'est ce qu'apprendra le jeune Quentin Tarantino. Malgré une belle plume de scénariste, il n'arrive pas à réaliser ses propres écrits. Il décide finalement de s'orienter vers le cinéma indépendant, et parvient, en deux œuvres désormais majeures, à se faire un nom aujourd'hui reconnu à Hollywood et dans le monde. "Reservoir Dogs" et "Pulp Fiction" possèdent une narration particulière, qui s'avère être passionnante. On sait que le troublion a écrit "Tueurs-nés", finalement réalisé par Oliver Stone, ainsi que le film que nous voyons aujourd'hui, à savoir "True Romance".

Si je cite tout ça, c'est que dès ce premier scénario, une amélioration d'un script de Roger Avary, on retrouve tout ce qui fait la spécificité des œuvres de Quentin Tarantino. Des personnages simples, attachants, parfois un peu limites, le tout dans une narration qui va réunir tout ce petit monde dans un final forcément épique. On y perçoit des choses aimées par le scénariste. La musique, avec un appuis spécifique auprès d'Elvis. Mais aussi le cinéma d'action asiatique, Sonny Chiba et John Woo en tête. Cette fascination du monde un peu sombre, comme un Mac ou la Mafia (ici Sicilienne). Dans "True Romance", on retrouve tout ce qui est plaisant chez Tarantino, mais réalisé par quelqu'un qui sait poser sa caméra où il faut, et connaît parfaitement les dosages, afin d'offrir un rythme qui n'ennuie jamais.

Ridley Scott possède une filmographie impressionnante. "Top Gun", "Jours de tonnerre", "Le Dernier Samaritain". Puis arrive la mise en image d'un scénario de son ami. "True Romance". Si on regarde ce qu'il réalisera ensuite, de grands films sont présents, "U.S.S. Alabama", "Ennemi d'État", "Man on Fire", "Unstopable". Certes, ce ne sont pas des films immenses, mais ils sont efficaces et jamais ennuyeux.

Ainsi, il me fallut écouter un podcast pour enfin m'intéresser à "True Romance". Chez VHS et Canapé, le coanimateur de Binouze U.S.A., Patrice de son prénom, vantait les qualités d'une scène de ce film. De SON film même. Aimant beaucoup le cinéma de Tarantino et la réalisation de Tony Scott, je n'hésitais pas longtemps avant de prendre le BluRay. Voilà ainsi comment je me retrouve enfin à découvrir ce film de 1993, après tout le monde. Voyons un petit trailer en version originale pour un film que j'ai vu en version originale sous titrée en français.

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Nous voilà face à une histoire d'Amour, qui mènera un couple tout juste formé à fuir en Californie afin de revendre une mallette de drogue involontairement prise à un Mac. Voilà ce qui nous attend pendant les 2 heures du film. Oui, c'est rapidement résumé, mais, comme toujours avec Quentin Tarantino, rentrer dans les détails serait trop périlleux pour mon petit cerveau.

Tout débute par la présentation rapide de Clarence (Christian Slater), un jeune homme sans soucis qui galère un peu trouver une compagne. Tient, ça me rappelle quelqu'un ? Passons. Ses goûts effraient une jolie jeune femme, qui refuse d'aller voir un triple programme au cinéma. Il faut dire que c'est une trilogie de film d'action asiatique avec Sonny Chiba. Et puis Clarence est un peu trop fan d'Elvis afin de garder l'attention de la jolie femme qui fuit.

C'est donc tout seul que Clarence va se faire son petit triptyque dans une salle quasiment vide et bien dégueulasse. C'est alors qu'arrive Alabama (Patricia Arquette), avec laquelle un jeu de séduction semble se lancer. Au point d'aller manger une tarte à la fin des films. C'est aussi l'occasion de découvrir que Clarence a un petit boulot mal payé, mais plaisant, dans une boutique de comics. Ceci n'effraie pas la belle Alabama, qui ira jusqu'à l'appartement de Clarence afin d'y passer une nuit d'amour.

Problème, un petit truc la chiffonne une fois l'affaire faite. Elle est une call girl payée par le patron de Clarence afin de lui souhaiter un bon anniversaire. Autre problème, Alabama, qui débute dans le métier, est tombée amoureuse de son amant d'un soir. Et alors que Clarence reste paisible, elle lui déclare sa flamme. Ce à quoi le jeune homme répondra ne pouvoir lui répondre sans être certain que ce n'est pas une blague, sans quoi cela le détruirait.

Nos deux tourtereaux se marient rapidement, mais vient un souci. Drexl (Gary Oldman) est le Mac d'Alabama, et tôt ou tard il la cherchera. Un problème que Clarence veut régler. Là aussi, on nous présente un Drexl taré, borgne, qui se prend pour un gangsta noir alors qu'il est blanc. C'est l'occasion de voir Samuel L. Jackson aussi, qui va se faire dézinguer par Drexl. Après un affrontement impressionnant de réalisme et assez tendu, Clarence arrive à tuer le Mac et récupère les affaires de sa nouvelle femme. En oubliant son putain de permis sur place.

Il se trouve que la valise prise par Clarence ne contient pas les affaire d'Alabama, mais des petits paquets blancs. De la drogue quoi. Dès lors, l'objectif est de prendre conseil auprès du père de Clarence, joué par un Dennis Hopper très touchant. Ils ne se sont pas revus depuis 3 ans, pourtant, Clifford apporte son aide à son fils. Là aussi, la scène est assez réaliste, la réaction de Clifford est normale. On comprend les questions qu'il pose à son fils. Le jeune couple part pour la Californie afin de rejoindre Dick (Michael Rapaport), un ami d'enfance de Clarence qui pourrait aider à vendre la cocaïne car c'est un acteur en devenir. Et le milieu du cinéma est blindé de personne ayant de l'argent à dépenser en drogue.

Ici, nous aurons une scène incroyable. La Mafia Sicilienne débarque chez Clifford, et nous voilà avec un interrogatoire mené par Vincenzo (Christopher Walken). Ce face à face entre les deux immenses acteurs est jouissif. Tout est nickel. Clifford devine qu'il va être abattu quoiqu'il arrive. Vincenzo s'énervant de devoir à nouveau abattre quelqu'un, ce qu'il n'avait plus fait depuis 1984. On perçoit les grandes qualités d'écriture de Tarantino dans cette scène. La mise en scène de Scott et le jeu des acteurs évitent de s'ennuyer, et voir les autres mafieux un peu nonchalants, ça a quelque chose de drôle je trouve.

Je vous passe le reste, mais c'est blindé de scènes drôles et parfaitement dosées. Je pense à Elliot (Bronson Pinchot) qui doit faire le lien entre Lee (Saul Rubinek) et Clarence. Ici, on sent que dans son scénario Tarantino se moque des producteurs et du milieu matérialiste et complétement déconnecté de Hollywood. Le petit gars de Detroit (Clarence) qui vient juste se débarrasser d'un paquet de drogue involontairement volé à la Mafia Sicilienne, et embrouille des personnes "bien" sous tout rapport afin d'avoir de quoi vivre sous le ciel clément du Mexique avec sa femme. C'est une fois de plus très drôle.

Si on se marre, il y a des passages franchement violents. L'affrontement Clarence/Drexl est plutôt ardu, tout comme celui mettant en scène Vincenzo et Clifford. Mais rien ne nous prépare à ce qu'il va arriver. Alabama, que j'ai peu cité mais qui est très présente dans le film et possède des réactions compréhensives quoique parfois naïves, Alabama donc, va devoir se battre pour survivre. Virgil (James Gandolfini) de la Mafia Sicilienne attend le jeune couple dans leur chambre de Motel. Seule Alabama rentre dans la chambre, Clarence partant acheter le repas.

En plus d'être très tendue, la scène va partir dans un déluge de violence très difficile à voir. On souffre pour Alabama, et cette scène est absolument époustouflante. Mais ce n'est rien à comparer de la scène finale. Avant elle on apprend que Elliot s'est fait choper par la police locale (de façon hilarante et débile), et qu'il va servir de taupe lors de la vente entre Clarence et Lee. C'est ainsi que, tel les plus grands films de John Woo version Hong Kong, on va avoir 3 clans s'affrontant avec nos héros en plein milieu de ce merdier. Celui de Lee, le producteur de cinéma, qui reçoit dans sa suite. La police avec Cody (Tom Sizemore) et Nicky (Chris Penn), qui veut arrêter tout le monde. Et la Mafia Sicilienne qui a retrouver la trace de la transaction grâce à un Floyd (Brad Pitt) complétement stone, et qui n'hésite pas à tout dire de façon tranquille. Brad Pitt est, à l'image de Gary Oldman plus tôt dans le film, assez incroyable dans ce rôle. Une fois de plus, on comprend la réaction du personnage, qui ne pense qu'à fumer sa drogue.

La fusillade qui s'ensuit est à nouveau digne de Tarantino, mais aussi et surtout empruntée à John Woo. Le coup des plumes, du chaos qui règne, des personnages qui continuent de parler. Cette fusillade est franchement impressionnante, lisible, Tony Scott nous montre tout ceci de façon parfaite.

Ce film est juste impressionnant. On y perçoit l'écriture de Quentin Tarantino, déjà. Avec les hommages au cinéma asiatique, des personnages attachants. Cet humour particulier. L'importance de la musique. Mais les défauts du scénariste sont gommés par Tony Scott qui offre un rythme parfait à ce script. Aucune scène n'est trop longue. Chose que Tarantino a parfois du mal à couper dans ses réalisations, au point d'ennuyer. La musique est importante, mais pas autant que chez Tarantino. Ceci permet de ne pas exclure la (télé)spectatrice ou le (télé)spectateur. En plus, la violence est abrupte certes, mais pas exagérée. Pas d'effusion de sang, pas de gore donc.

Les actrices et acteurs sont impeccables. Au début j'avais du mal avec la bouche de travers de Christian Slater, je ne pigeais pas trop son jeu un peu bizarre. Mais on s'y fait. De plus, c'est assez effrayant, je me suis un peu reconnu en Clarence. Donc mon empathie a peut-être modifié ma vision du film. Mais je pense sincèrement que c'est un excellent film. Si vous aimez le cinéma de Tarantino, ce film vous plaira obligatoirement. Tony Scott gommant les défauts, ce qui permet d'avoir un bon rythme qui garde notre attention. C'est blindé de scène culte. Blindé. Pour moi, entre l'affrontement Walken/Hopper ou celle mettant en scène l'agression d'Alabama par Virgil, j'hésite. Oui, la fusillade finale est incroyable aussi. Waaah, trop de truc excellent.

J'ai plus qu'adoré ce film. Il m'a marqué. Je ne comprends pas comment j'ai fait pour ne pas le voir avant. Peut-être que je voyais en lui un énième "Sailor & Lula" ou "Bonnie & Clyde". Peut-être avais-je peur de retrouver la violence gratuite de "Tueurs-nés". Ce qui n'est pas le cas ici. "True Romance" et "Tueurs-nés" se ressemblent d'ailleurs, mais ce dernier est un peu trop violent pour être parfait. D'ailleurs, Oliver Stone a beaucoup modifié le script de Tarantino paraît-il, tandis que Tony Scott a mis en scène le scénario tel qu'il était écrit. Sauf pour la fin. Très belle fin d'ailleurs. On devine aisément la fin désirée par Tarantino. Au final, voici un film à découvrir de façon urgente. Le BluRay que j'ai possède un belle technique, on y perçoit aucun défaut. C'est un grand plaisir de pouvoir découvrir de telles œuvres.

@+

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