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Cultivons la curiosité

Splice

Splice

Vincenzo Natali aime bien les films avec un titre court. Ainsi, le Canadien s'est fait connaître en 1997 dès son premier long métrage, le très bon "Cube". "Cypher" et "Nothing" auront un moindre succès. En 2010 il reprend l'écriture, 13 années après son premier film (qu'il avait co-écrit), et ceci nous donne "Splice". Écrit à 6 mains avec Antoinette Terry Bryant et Doug Taylor, le film dont nous parlons aujourd'hui va nous montrer comment un couple de scientifique va "jouer" avec la vie, dans le but de soigner l'Humanité. Seulement, leurs recherches aboutiront à une créature hybride (comme les voitures). Mais regardons la bande annonce en version française, soit la manière dont j'ai vu ce film sur Prime Video.

Vidéo de Gaumont

Après cette introduction franchement pas terrible, je dois reconnaître que le sujet traité est en vérité délicat à évoquer. Mais prenons le début du film pour mieux expliquer de quoi il en retourne. Elsa (Sarah Polley) et Clive (Adrien Brody) forment un couple à la vie, mais aussi professionnellement. Tout deux sont engagés par une firme pharmaceutique, et leurs travaux consistent à mélanger les ADN de divers animaux. Dans le but de trouver la cellule ultime, capable de soigner diverses maladies. Il se trouve que tout ceci abouti à Fred et Ginger. Des créatures étonnantes, gros amas de chairs se mouvant en rampant.

Un mâle, une femelle. Et ça matche. Bon, si elles ne font pas de bébés ensembles, le mélange des ADN fonctionne et permet même de découvrir des cellules aux spécificités propres des animaux. Bon, j'avoue, je n'ai pas tout pigé, mais en gros, c'est la découverte du siècle, le laboratoire en avait bien besoin, car si ces recherches échouent, c'est restructuration obligatoire, et donc du monde renvoyé.

Alors que Ginger et Fred délivrent leur secret, Elsa veut tenter un truc. Après tout, l'étape suivante n'est-elle pas de rendre tout ceci plus "humain". Il faut essayer avec de l'ADN humain. Son compagnon est contre, c'est déontologiquement mauvais, voire illégal. Mais la jeune femme insiste et parvient à créer Dren. Elle n'a pas de nom au début, mais la créature fait preuve d'une développement rapide. Clive est contraint de suivre, avec toutes les difficultés que cela implique.

Surtout qu'en parallèle, le cas de Ginger et Fred semble tourner coton. Seulement, trop préoccupé par Dren, Clive n'entend pas son frère (qui bosse dans le même laboratoire) lui dire que bon, quand-même, le taux d'œstrogène qui baisse chez Ginger, ça peut mériter de s'y pencher plus dessus. La situation ira de pis en pis, et nous passerons un peu par tous les états avant la fin du film.

J'hésite à vous révéler tout le déroulement en vérité. Car oui, on passe du film de scientifiques qui font "mumuse" avec la vie, à un film de créature, puis d'horreur, mais en douceur. On suit le process des films d'horreur de monstres de la Universal des années 30. On pourra y voir la créature du docteur Frankenstein, mais aussi Dracula, quoique j'abuse pour ce dernier. En même temps, nous suivons ce couple de scientifique, donc recentrons-nous sur eux.

Elsa a eu une enfance difficile avec sa mère. De façon très intelligente on nous en parlera. Ou l'inverse plutôt, on nous en parle de façon très maligne. Elle ne désire pas d'enfants, car elle a certainement peur de reproduire le schéma maternelle qu'elle a connu. Clive lui veut être père. Mais il suivra sa compagne qu'importe ses choix. Il ne veut pas entendre parler de la créature et désirera l'abattre à plusieurs reprise. Une des scènes marquantes est quand il veut la noyer, et que ça permute en grande partie le récit dès lors. Oui, bon, non en fait, ça ne permute rien du tout, mais ça faisait classe de le dire ainsi.

Si le scénario est impossible à expliquer sans trop en révéler, il s'avère prenant, et bien ficelé. Oui, on devine rapidement le futur, mais il nous parle de la maternité, et de la difficulté d'élever quelqu'un en dehors de la société. Quand on pense que Dren peut-être considérée comme la "fille" d'Elsa et Clive, les questions d'inceste, de rébellion adolescente, de complexe d'Œdipe (qui fonctionne en fait avec l'inceste) sont évoquées. La réalisation s'avère efficace, tout comme le cast et la photographie.

Je ne peux pas dire que l'on s'ennuie durant les 104 minutes du film. Mais on ignore vraiment comment le prendre. Thriller ? Horreur ? Anticipation ? Tranche de vie d'un couple ? Tout à la fois ? Ce manque de précision explique, je pense, son échec commercial. Pourtant, le questionnement sur la génétique, sur la volonté d'expérimenter, qu'importe le prix, en modifiant la vie, fonctionne. Surtout que l'on sait qu'il se parle de créer des jumeaux et jumelles afin d'avoir des organes à dispositions en cas de défaillances. Je n'arrive pas à l'exprimer, mais on sent une volonté d'interroger la science sur son éthique.

Mais aussi de pointer la volonté des grands groupes pharmaceutiques, et leur hypocrisie, d'avoir du résultat. Oui, on veut sauver la vie des humaines et humains, mais il faut que ça soit profitable, que ça fasse de l'argent. Et il faut faire ça vite. Le côté hypocrite est de voir le refus de lancer des expérimentations douteuses, mais d'en exploiter les conclusions si elles viennent à être faites. Une fois de plus, je m'exprime mal, et je m'en excuse, c'est juste pour vous dire que le film interroge, nous pousse à la réflexion, et qu'il fonctionne car on s'attache aussi bien à Dren, Delphine Chanéac magnifiquement modifiée par des effets spéciaux impressionnants, qu'au couple qui semble au bord de la déchirure.

Mais alors, faut-il le voir ou non ? Je voulais le visionner depuis un moment, sans jamais franchir le pas. L'occasion s'est présentée, et je ne regrette pas l'avoir vu. Par contre, même si on nous force à se poser des questions éthiques, même si la réalisation est efficace, la créature bluffante, je ne sais pas, il manque un truc pour faire de ce film un film culte. Vous savez, le genre de film qui, 10 ans après est un indispensable. Là, 11 années se sont écoulées depuis sa sortie, il reste efficace, on pourra même dire d'actualité, mais je ne le trouve pas indispensable. Pas pour le grand public qui lui préférera un film vraiment divertissant, et/ou plus proche de ses soucis.

Si vous recherchez un film malin, qui parle de la vie, de l'éthique scientifique/pharmaceutique et offre quelques moments assez puissant en terme d'horreur, "Splice" vous fera passer un bon moment comme celui que je viens d'avoir. Les autres verront un film un peu mou, qui essaye des choses sans vraiment être clair, comme cette chronique en vérité. J'ai bien aimé, mais ne peux pas le conseiller à tout le monde, essayez de vous faire une idée avec la bande annonce, qui est plus horrifique que ne l'est le film.

@+

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