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Cultivons la curiosité

Fantastic Mr. Fox

Fantastic Mr. Fox

Après avoir vu "L'île aux Chiens" en mai 2018, que j'avais plutôt bien aimé il me semble, j'avais songé à voir "Fantastic Mr. Fox" qui emploie le même procédé de stop motion. Un cinéma animé image par image, ce qui est en fait le terme raccourci de cinématographe. La racine même de ce dernier mot est grecque, avec la "kiné" pour la mouvement, et "graphe" pour l'art d'écrire, donc un art marqué (sur la pellicule) en mouvement. Grosso modo, avant le tout numérique, on passe 24 photos par seconde, et on obtient un mouvement si ces photos se suivent bien entendu.

Nous ne sommes pas ici pour faire un cours sur le septième art, surtout que je ne suis pas un bon professeur. Mais quand on pense à ce principe de photos, on comprend mieux la stop motion. Les studios Aardman en sont de grands artisans, avec la pâte à modelé notamment (Wallace et Gromit c'est eux). Même le premier "King Kong" utilise ce procédé. Là, j'espère ne pas en sortir une grosse de bêtise, mais ça me donne cette impression. Et je parle bien du film de 1933.

Donc, Wes Anderson est à la réalisation et co-scénarise avec Noah Baumdach cette adaptation du roman "Fantastique Maître Renard" de Roald Dahl. Je vous avoue que je voulais introduire cette chronique par le générique du dessin animé méchamment adulte des années 80-90, "Moi, Renart", mais comme c'est un sacripant, un chenapan, un sacré vaurien, j'ai préféré m'abstenir..... allez, avouez, si vous connaissez la chanson je viens de vous la mettre en tête. Pardon. Changeons-nous donc les idées avec la bande annonce en version française de ce film de 2009 vu en version originale sous titrée français sur Prime Video.

Vidéo de 20th Century Studios FR

Ah oui, le cast vocal français envoie du lourd, du très lourd. Mathieu Amalric, Isabelle Huppert, Alexis Tomassian, Patrick Floersheim et un nombre impressionnant de comédiens et comédiennes de doublage rompu.e.s à l'exercice. Chouette. Mais en version originale, il est difficile de rivaliser avec George Clooney, Meryl Streep, Bill Murray, William Dafoe. Pfiou. Impressionnant. Mais de quoi parle donc ce film ?

Nous suivons Foxy Fox et sa femme Felicity (George Clooney et Meryl Streep), le couple va voler des poules, soit ce que réalise de mieux Foxy. Alors qu'il est un peu trop intrigué par un piège, Foxy va déclencher ce dernier, l'emprisonnant lui et sa femme. Felicity lui annonce être enceinte, ce qui pousse Foxy à lui faire une promesse, si le couple s'en sort, finit la vie fastueuse de voleur de poules, il se rangera dans une existence pauvre, mais calme.

Là, le saut temporel est violent. Le scénario s'amusant avec les durées du point de vue "Renard" ou "Humain". Résultat on se retrouve un peu perdu, mais on constate que le couple s'en est sorti, et qu'il a un petit garçon, Ash (Jason Schwartzman), déjà bien grand. La vie dans ce terrier pauvre est sobre, presque ennuyeuse, mais elle semble convenir à tout le monde. Bon, Ash est plus un ado qu'un enfant, mais sinon tout va bien.

C'est alors que Kristofferson (Eric Chase Anderson) doit être reccueilli par les Fox en attendant que son papa se rétablisse, que la vie va changer. Non pas à cause de l'arrivée du cousin de Ash, mais bien car Foxy va trouver un défi à la hauteur de sa réputation de chasseur qui lui colle à la peau. Et il décide donc de déménager dans un terrier plus huppé, mais surtout situé en face des trois grosses fermes de la région.

Boggis (Robin Hurlstone), Bunce (Hugo Guinness) et surtout Bean (Michael Gambon) possèdent leurs spécificités, mais plusieurs points communs, ils sont riches, aiment ce qu'ils font, et n'aiment pas les renards. Foxy élabore un plan, un ultime coup, le gros coup. Le malheureux Kylie (Wallace Wolodarsky) l'ignore, mais l'opossum vient de s'engager dans un coup qui sera triple. Foxy retrouvant l'excitation de la chasse, franchissant les obstacles les uns derrières les autres et remplissant son garde manger par la même occasion.

Tout ceci se fait sous le nez de Félicity, qui soupçonne rapidement l'arnaque et le fait que son mari n'a pas tenu sa promesse. Mais c'est alors que Foxy a presque fait le hat trick, le coup du chapeau, la passe de trois, que les fermiers vont se rebeller. Débutera ainsi une chasse au renard sans pitié, qui déstabilisera toute la faune locale. Les animaux étant contraints de se terrer sous le sol, toujours plus profondément.

En parallèle, Ash va essayer de s'ouvrir aux autres, malgré sa réticence et la jalousie qu'il porte à son cousin, carrément plus doué que lui, plus beau, plus grand, plus parfait quoi. Il sera le principal acteur de l'opération sauvetage qui se tiendra à la fin du film. Et pourrait bien s'ouvrir au monde en trouvant une utilité à sa petite taille.

Comment dire, pendant presque 1h30, on reste scotché devant cette histoire. Les voix sont très calmes, très posées, et ceci convient parfaitement à l'aspect fabuleux du récit. On s'attache à tous les personnages, même le très bougons Ash. Et ceci rapidement. Les fermiers sont évidemment détestables, et que dire de Rat (Willem Dafoe), qui se meut d'une façon hilarante malgré son aspect dangereux. Il sera d'ailleurs l'acteur de la scène la plus forte en émotion du film.

Et c'est ça en fait, on alterne franche rigolade quand Renard humilie toujours plus les humains. La réalisation en stop motion fait un peu bizarre. Elle paraît hachée. Plus que chez la pâte à modeler de chez Aardman. De plus, Wes Anderson se paye des plans face caméra assez déstabilisant je trouve. J'ai eu cette impression devant "L'île aux Chiens". D'ailleurs, le rythme est posé, calme, dans les deux films. On retrouve aussi beaucoup d'inspiration dessin animé. Quand les animaux s'enfuient en creusant notamment, comment ne pas voir la fuite du Scooby-gang en vue latérale ? Des passages qui devraient plaire aux personnes aimant les dessins animés.

Car le film arrive à être drôle, aussi bien pour les petites, les petits, que les grands et les grandes. J'ai bien dû me marrer 3 ou 4 fois, de façon assez surprenante. Il m'est assez rare de lâcher un éclat de rire comme ça, alors 3 ou 4 dans le même film, c'est balèze. Surtout que ce sont souvent pour des broutilles, mais qui font mouches ici. On pourra aussi voir une lutte contre le capitalisme et les riches, mais je ne m'aventurerai pas sur cette pente savonneuse. Sachez juste qu'il y a une lecture plus mature à cette histoire.

Malgré une réalisation et des marionnettes qui peuvent parfois faire peur (et une scène traumatisante avec le trio d'humain qui chassera Foxy), ce film pourra plaire à tout le monde. Je l'ai déjà dit, pardon. Mais les adultes y verront une fable écologiste anti-capitaliste (ou non), et les plus jeunes verrons un renard malin comme tout mener une révolution contre des gens pas très gentils. Pardon, c'est mal dit et réducteur. Il y a des scènes qui sont assez drôles pour les personnes qui verront ce film de façon détendue.

Bon, ça ne veut rien dire, alors concluons. La technique est impressionnante, malgré des saccades. Certains plans, certains gros plans plutôt, face caméra, font presque peur. Ils dérangent un peu, surtout quand on voit Foxy sourire. Je n'arrive pas à vous décrire la sensation que ça fait, mais on sent une petite gêne, ou que c'est bizarre du moins. Ceci n'occulte en rien la qualité de la réalisation et du récit. Les personnages sont sympathiques, on prend rapidement partie pour les animaux, et c'est tant mieux. Il y a un peu d'action, de l'émotion, de l'humour. Bref, je ne peux que vous le conseiller, encore plus si vous avez aimé "L'île aux Chiens". J'ai préféré ce "Fantastic Mr. Fox", plus fun je trouve, mais qui n'oublie pas d'être intelligent aussi. J'ai aimé. À voir.

@+

P.S. : J'ai totalement oublié de parler de la bande originale d'Alexandre Desplat, qui donne aussi du charme au film. Elle ne prend jamais le dessus, sauf lors de la chanson de Petey (Jarvis Cocker), ceci est donc un gage de qualité.

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