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Cultivons la curiosité

Once upon a time ... in Hollywood

Once upon a time ... in Hollywood

C'est avec une certaine joie que j'ai pu à nouveau découvrir un film de Quentin Tarantino au cinéma. En VOSTFr en plus. Je reconnais ne pas du tout m'être renseigné sur ce film. Tout juste savais-je que Leonardo DiCaprio, Brad Pitt et Margot Robbie jouaient dedans. Ah, si, j'ai vu la bande annonce qui suit, mais en fait on ne se rend pas bien compte de quoi parle le film.

Résultat, hormis le contexte des années 70 (oui, bon, c'est 1969 en fait), avec les décors, les fringues et les caisses, mais aussi le fait que Rick Dalton est un acteur, très ami avec sa doublure le cascadeur Cliff Booth, hormis tout ça, je ne savais rien de mieux. Oui, c'est stupide à dire car ça fait beaucoup et pourtant, en y regardant de plus près, pas mal de choses furent surprenantes. Heureusement, je n'avais pas lu la fiche wikipédia du film, sinon je me serais imaginé des choses... petite bande annonce.

Vidéo de SonyPicturesFr

Grande première. En 10 films (oui, je considère les Kill Bill comme deux films à part), jamais Quentin Tarantino n'avais été produit par une autre boîte que celle des frères Weinstein. Oui, on pourra dire ce que l'on veut sur Tarantino, comme quoi il est hypocrite, qu'il a peut-être un brin de misogynie en lui, qu'il s'excuse trop tardivement du comportement (qu'il connaissait) horrible de Harvey Weinstein. Oui, on pourra même le traiter de gros connard si vous le désirez, mais ceci n'enlève en rien dans les qualités du réalisateur. Et encore moins au niveau de ses qualités de scénariste. Ceci n'enlève rien non plus à l'amour que voue Quentin Tarantino au cinéma, mais aussi aux Western un peu vieillots qui ont, semble-t-il, bercés son enfance.

Nous voilà donc en 1969, année sexuelle comme le chantait Serge Gainsbourg en France. Année de la guerre du Viêt-Nam et de contestation hippie pour les États-Unis d'Amérique. Si on y regarde aussi de plus près, c'est aussi une année charnière dans le changement de cap d'Hollywood. La vieille garde trop conservatrice doit laisser peu à peu sa place à la fougueuse jeunesse, qui n'hésite pas à braver les tabous, comme le sexe ou la violence rarement montrés sur les pellicules avant la fin des années 60. Ne sont-ce pas les années de sorties de "Rosemary's Baby" ou "Night of the Living-Dead", œuvres violentes et choquantes ? Qui nourrirons une vague d'artistes tel Wes Craven, Sean S. Cunnigham, John Carpenter et j'en oublie...

Bref, c'est dans une période charnière que nous découvrons le héros d'un feuilleton télévisé. Rick Dalton (Leonardo DiCaprio) incarne un chasseur de prime dans "Bounty Law". Seulement, c'était il y a 8 ans, la série s'achève donc, et depuis il n'obtient que des rôles uniques de méchants dans les séries, ce qui l'enferme dans un genre qu'il n'aime pas. Malgré sa volonté de percer au cinéma, rien n'y fait, sa carrière est sur le déclin et ceci l'angoisse. Heureusement, il va rencontrer Martin Schwarz (et non pas Schwartz) incarné par Al Pacino. Ce dernier est un producteur appréciant bien Rick Dalton. Il lui propose de partir en Italie pour jouer les têtes d'affiches de quelques Western spaghettis.

Rick refuse en bloc, indiquant que ce "cinéma" là est ridicule, et craignant d'être blacklisté à Hollywood après ça. Pour Cliff Booth (Brad Pitt), l'histoire est moins heureuse. Il est un cascadeur qui aime le risque, cependant son amour de la castagne fait que Randy (Kurt Russel), le grand boss d'une équipe de cascadeur, l'évite absolument. La faute à une rumeur que je vous laisse découvrir. Plus tard dans le film (mais visible dans la bande annonce), on découvrira pourquoi Cliff aussi est sur le déclin, voire carrément sorti du système du cinéma. En se bastonnant avec un Bruce Lee (Mike Moh) qui est particulièrement hautain. Une scène à la fois hilarante et qui montre aussi tout l'amour que le réalisateur porte au cinéma de Kung-Fu. Même si il brise un peu le mythe de Bruce Lee.

Dans ce film, on va surtout suivre le duo de copain qui est formé par Rick et Cliff. Une ancienne gloire de la télé et sa doublure. Les deux hommes sont plus proches de l'anonymat que de l'Oscar, et nous suivrons ce quotidien là. La misère de Cliff, contraint de faire l'homme à tout faire de Rick, comme le conduire sur les plateaux de télé car ce dernier n'a plus son permis à cause de son ivresse quasi permanente. Ou alors refixer son antenne télé. Ceci avant de retourner dans sa vieille caravane proche d'un Drive-In, afin de nourrir sa chienne et de se faire des pâtes pourries comme repas.

Rick, quant à lui essaie de jouer du mieux qu'il peut les rôles de méchants qu'on lui confie. Il parlera un bref instant avec une jeune actrice, Trudi Fraser (Julia Butters), et après avoir loupé ses répliques (et piqué une énorme colère contre lui-même dans sa caravane), il offrira une prestation hors norme (ce qui lui vaudra les félicitations de la jeune actrice). Lui redonnant ainsi confiance en lui.

Mais là, vous vous dites, elle est où Margot Robbie ? En parallèle, on découvre que Rick Dalton vit à côté d'un nouveau réalisateur venu d'Europe et en vogue. Roman Polanski (Rafal Zawierucha) nous mène même à une soirée Playboy, comme pour mieux montrer la différence entre ceux qui sont en train de s'élever au rang de star, et ceux qui chutent. Lors de cette soirée, on découvre Steve McQueen (Damian Lewis) expliquant la situation du clan Polanski. Avec Sharon Tate (Margot Robbie) qui sortait avec Jay Sebring (Emile Hirsch) avant que cette première citée ne parte pour l'Europe et n'en revienne avec Roman Polanski. J'avoue que cette scène est un peu brouillonne, mais on comprend que Jay fera tout ce qu'il peut pour protéger Sharon, et qu'il attend patiemment que Roman ne commette un faux pas pour récupérer sa promise.

Sharon Tate est une jeune actrice qui hésitera un instant à aller voir un film dans lequel elle joue. Ceci donnera une scène marrante, avec la surprise de l'ouvreuse et du gérant aussi. L'occasion de voir l'ambiance dans les cinémas des années 60.

Jusque là, il ne se passe pas grand chose. Sauf qu'au détour d'une course, Cliff ramasse une très jeune auto stoppeuse. "Pussycat" (Margaret Qualley) est une hippie qui va mener le cascadeur dans un lieu qu'il connaît bien. Ayant été la doublure de Rick sur "Bounty Law", revoir les lieux de tournage de cette série ne lui déplaît pas. De plus, ce sera avec plaisir qu'il reverra ce bon vieux George Spahn (Bruce Dern), l'ancien producteur de "Bounty Law". C'est dans une ambiance effrayante, de film d'horreur même, que Cliff va découvrir un clan hippie. Bon, là j'en ai trop dit. Mais le film vire dans l'ambiance horrifique sur cette scène, avant de revenir sur un ton plus paisible quand Rick accepte de partir en Italie.

Bon, là je préfère ne rien dire. Si jusque là le film est propre, les actrices et acteurs parfait.e.s, le scénario est délicat à appréhender. Quentin Tarantino nous balance une tonne de référence. Beaucoup trop même. Du coup, j'avoue ne pas avoir saisi 75% du film. Ce qui s'avère frustrant en vérité. On sent que certains plans doivent dire quelque chose, oui, mais quoi ? On voit qu'il repasse des programmes télévisuels qu'il a peut-être aimé dans sa jeunesse, mais ceci parle peu au non fan des années 60-70. Les musiques restent, comme toujours, excellentes. Pas toutes connues, elles accompagnent parfaitement le récit. Seulement, en terme de scénario, jusqu'au dernier acte, on est un peu frustré de ne pas avoir les références montrées par le réalisateur/scénariste.

Pourtant, il se démène pour nous montrer son amour du cinéma et de la télé de cette période. Apportant des touches de flashback au bon moment. Notamment ceux avec Bruce Lee. Tantôt avec Cliff donc. Mais aussi celui avec Sharon qui est exceptionnel. Pour faire passer un rythme un peu lent, Tarantino offre pas mal d'humour. Toujours dans le dernier acte, d'une puissance phénoménale, il joue avec la peur du téléspectateur et de la téléspectatrice en désamorçant la situation d'une façon étonnante. Avant de partir dans une violence surprenante, mais jamais gore. Il se permet même une autre touche d'humour avec les flammes. Enfin bon, vous comprendrez en voyant le film.

Ce film est long, très long, mais bizarrement pas trop long. En 2h40, il se passe beaucoup de chose. Mieux, on apprend à aimer cet acteur alcoolique sur le déclin qu'est Rick Dalton. Tout en s'attachant à Cliff Booth, qui semble bien vivre le fait qu'il est exclu d'un boulot qu'il adore. On remarquera l'absence de discussion longue comme pouvait offrir "Boulevard de la mort" ou même "Reservoir Dogs". Mais ce qui saute le plus aux yeux est évidemment cet amour inconditionnel que porte Quentin Tarantino pour cette période mais aussi le monde du divertissement des années 60. Avec beaucoup trop de références pour que le spectateur ou la spectatrice lambda n'en saisisse la moitié, voire plus. Ceci s'avère frustrant. La référence la plus importante est une petite révélation, petite car si vous vous renseignez un minimum sur le film, vous en avez entendu parlé. Si vous voulez évitez, ne regardez pas la fin de ce paragraphe, sauf que vous lirez peut-être par inadvertance le nom. Un nom dont il faut connaître l'histoire, même un minimum (c'était mon cas), ce nom est le taré Charles Manson. Il faut avoir en tête le fait qu'il a fait commettre d'horrible meurtre, et il faut connaître sur qui. J'avais la référence, mais c'est bien une des seules malheureusement.

Un peu comme dans "Summer of Sam" de l'excellent Spike Lee, on sent une funeste aura voguant sur ce film. Qu'elle soit meurtrière, ou qu'il s'agisse juste d'un acteur en fin de carrière, elle est désamorcée par un humour subtil et agréable. Le récit est maîtrisé, du début à la fin. On trouve d'excellentes scènes, rendant surtout hommage aux Western, mais aussi à la petite lucarne et plus succinctement (ou maladroitement au choix) à Bruce Lee. On retrouve des acteurs fétiches de Tarantino comme Michael Madsen et Kurt Russel, que je n'attendais pas ici, et qui font chacun une belle (mais courte) apparition. On retrouve cette bande son peu connue mais hyper classe (oui, assez peu connue, car il y a des morceaux célèbres tout de même). La réalisation, comme toujours chez Tarantino, est parfaite. Il arrive à nous happer malgré un rythme mou. Il arrive à nous faire ressentir de l'empathie auprès de personnages paumés. En ce point c'est parfait.

Le seul défaut du film vient du fait que beaucoup de clin d'œil sont présents. Et que je suis loin, très loin de les avoir saisis. Cette frustration est gênante. J'ai eu l'impression de passer à côté de quelque chose d'immense, sans avoir les cartes pour comprendre certains détails. Pourtant, si cette frustration laisse un goût amer à la fin, le talent mis en œuvre pour proposer un récit qui semble alambiqué de loin mais qui est parfaitement simple, ce talent donc, fait plaisir à voir. Et c'est déjà ça. La fin offre un grand moment cinématographique, et c'est déjà ça. Par contre, à cause de mon manque de connaissance télévisuelle et cinématographique Étasunienne des années 60-70, je suis passé à côté de pas mal de choses qui me font dire que non, "Once upon a time ... in Hollywood" n'est pas le meilleur film de Quentin Tarantino. C'est un film surprenant, excellent, divinement bien joué, tourné, bien ficelé, mais pas son meilleur film. Je considère "Django Unchained" beaucoup plus réjouissant, moins élitiste, moins cinéphile, et donc plus populaire. Un excellent film tout de même, auquel une majorité de spectateurs et spectatrices passera à côté des références (dont moi), ce qui peut provoquer une frustration et un sentiment d'inachevé. À voir pourtant. J'ai aimé pourtant.

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