Cultivons la curiosité
Parfois, j'ignore pourquoi, mais je perçois différemment des bande-annonces. Ainsi, la première fois que je vis celle du film du jour, je m'étais dit "waouh, ça a l'air cool". Puis, en voyant une autre bande-annonce, le doute s'installa. L'histoire semblant insipide, j'ai cru, un temps, que c'était le genre de film à "La 5ème Vague". Le fait que ce soit adapté d'un roman (ici signé Philip Reeves), le principe de l'histoire d'amour qui va peut-être s'installer, le monde apocalyptique. Bref, tous les voyants me disaient de fuir, que ce serait un film pour ados, mais pas façon rigolote, non, façon "Twilight" ou "Divergente". Même si j'ai bien aimé ce dernier.
Après, j'ai l'habitude de voir les avis de Sébastien Rassiat et Frédéric Molas sur leur chaîne YouTube "Bazar du Grenier", et si parfois je ne partage pas leurs avis, il faut reconnaître que la majorité du temps on a les mêmes goûts. Du coup, malgré un côté mitigé et un scénario qui paraît con, je suis quand même allé le voir après avoir vu leur vidéo.
Vidéo de FilmsActu
Le moins que l'on puisse dire est que je ne le regrette pas. L'expérience de la salle fût bien supérieure que lors d'"Aquaman" (j'y suis allé le même week-end), et "Mortal Engines" de Christian Rivers est à voir au cinéma. Il s'agit là de la première réalisation de l'ancien technicien en effets spéciaux de Peter Jackson. Ce dernier adapte le roman avec l'aide de Fran Walsh (sa femme) et Philippa Boyens. Il est aussi à la production avec sa société WingNut Films. À laquelle on doit "District 9" notamment. Le film est sorti en France le 12 Décembre 2018.
Au cast on ne retrouve que Hugo Weaving en tête d'affiche, le reste étant composé d'actrices et acteurs peu connu.e.s. L'acteur réputé pour ses rôles de l'agent Smith dans les Matrix et Elrond dans les trilogies concernant la Terre du Milieu. Il est à noter qu'il est doublé par Féodor Atkin, dont j'adore le timbre de voix depuis "Dr House" (où il s'occupe d'Hugh Laurie). Sinon, il y a aussi Robert Sheehan, Hera Hilmar, Leila George, Jihae, Ronan Raftery. Il y a aussi la présence de Stephen Lang, méconnaissable dans un personnage particulier.
Bref, on ne sera pas spécialement attiré par le cast, cependant tout ce petit monde est efficace, rien de transcendant, mais ça reste efficace et on ne sort jamais du film à cause des actrices et acteurs. Même en VF. Il reste donc plusieurs points à aborder, je vais m'attarder sur 2 points en fait. Un positif, un négatif. Débutons donc par le point faible du film.
L'histoire n'est pas forcément simple, mais il est clair que niveau prévisibilité, nous tenons là un scénario limite insipide partant sur de bonnes bases pourtant. Alors que le troisième millénaire est franchi depuis au moins un siècle (années 3100-3200), une apocalypse a eu lieu. Les Humains ont employé une arme démoniaque, développée par leur technologie. Ce qui donna la Guerre de 60 minutes. Les villes furent lourdement touchées, et pour survivre, ces dernières furent construites sur d'immenses plateaux permettant leur déplacement. Le but de ces villes est de trouver des ressources en engloutissant les plus petites villes.
Thaddeus est un commandant important de la ville de Londres dont le maire ne se soucie que des ressources qui viennent à manquer. Cependant le commandant a une idée concernant une source d'énergie, et le maire refuse systématiquement ce plan. Résultat, Thaddeus a développé en secret un générateur d'énergie immense, caché dans la basilique Londonienne. Sauf que cette énergie n'est pas destinée aux civil.e.s, mais à l'élaboration d'une arme, celle-là même qui fut à l'origine de la fin du monde, et donc responsable de cet apocalypse.
Le commandant a un plan pour franchir le mur des sédentaires. Les Asiatiques se protègent de l'occident par un gigantesque mur lourdement armé, et vivent en harmonie avec la nature en ne saccageant pas celle-ci. Bon, j'en révèle pas mal, mais ceci est en toute petite partie abordée, on le voit juste à travers les images sublimes, mais c'est l'impression que ça donne.
On débute par Hester, qui cherche à assouvir une vengeance personnelle. Elle a enfin retrouvé la trace de Londres et de l'homme qu'elle désire assassiner. La scène introduction envoie du lourd. La chasse entre Salzburg et Londres. pour la ville Allemande je ne suis plus sûr du nom. Enfin bon, ici on remarquera l'univers SteamPunk absolument jouissif, mais j'y reviendrai dans le point positif.
Hester est toute proche d'arriver à ses fins avant qu'un historien, Tim, ne l'en empêche. Dans sa poursuite de la terroriste, il se retrouvera éjecté de Londres, et devra faire équipe avec Hester pour survivre dans les Terres désolées. Ici, c'est du vu, du revu, de l'archi connu, mais pourtant, on se laisse porter par le film. Il faut reconnaître qu'en terme de surprise, on frôle le néant. Le réalisateur insiste trop sur des points que l'on devine important. Genre dans la cité des cieux, il y a un écriteau avec "Ne pas fumer". On devine instantanément que la cité va s'enflammer d'ici peu. C'est ce genre de détail, donnant l'impression d'être pris.es pour des con.ne.s.
Forcément, c'est une fille, lui un garçon, que puis-je ajouter de plus évident ? Merde, je reprends les paroles de "Sk8ter Boi" d'Avril Lavigne. Mais c'est dire que contrairement à la météo, ici on peut prédire au dialogue près ce qui va suivre. C'est très chiant. Même si je reconnais que pour Shrike (dont je n'ai cessé d'entendre "Shrek") il est difficile de deviner comment va se terminer l'histoire. Sauf que ça se finit de façon débile, mais peu importe, dans le délire du film, ça passe.
Car si le scénario est ultra convenu, le gros point fort du film, l'immense point fort même, ce qui fait que l'on passe un excellent moment, c'est cet univers. Oui, il faut aimer le SteamPunk, le retro moderne, à la "FallOut", "Bioshock" et même "Bioshock Infinite" sont cités. On retrouve le principe de la ville grise et triste, un peu à la Midgar de "Final Fantasy VII". Il y a aussi du "Transformers", "Mad Max", et "Matrix", à travers la bouffe notamment. Les influences sont nombreuses et variées, mais la plus flagrante reste celle des Star Wars. Entre certains objets volants, le combat final, Tom le pilote, ce qu'il va accomplir au centre de Londres. La baston Hester/Thaddeus. Enfin bon, on sent ces influences, plutôt digestes et agréables. Citons aussi du Mur Bouclier (Shield Wall), rappelant un petit peu le gouffre de Helm de "Le seigneur des anneaux : Les deux Tours".
Enfin bon, c'est varié, et peut-être que de trop citer d'autres œuvres est ce qui a rendu ce film aussi prévisible. Cependant les effets visuels sont ahurissants. Le design de Londres, ce côté crade, propre au SteamPunk, avec une technologie obsolète, polluante et dangereuse. Les panneaux à travers Londres, la cité des Cieux, raaah, tout y est superbe. On prend une baffe par l'univers et sa mise en scène, qui pour le coup, et ultra efficace. Cette dernière et par contre mauvaise dans les scènes de combat, où le réalisateur trouve que secouer la caméra permet de bien ressentir les coups. Sauf que ça ne marche pas. Ça donne la nausée chez Michael Bay, et figurez-vous qu'ici aussi. Résultat, même si les bastons sont peu nombreuses, elles ne marqueront pas les esprits.
Oui, le film marque par son univers sublimement retranscrit à l'écran, oui, le scénario est trop prévisible ce qui ennuie un peu dans les passages calmes. Mais non, ce n'est pas un mauvais film pour autant, car déjà, les passages calmes sont peu présents. Et surtout on passe son temps à découvrir des choses, des détails, plus ou moins flagrants. Oui, le coup des statues Minions considérées comme des reliques importantes du monde des années 2000 est bizarre, mais reconnaissons que c'est à la fois drôle et effrayant. Avec en plus un message derrière tout ça. À quoi bon chercher à obtenir toujours les meilleurs armes si c'est pour que nos descendant.e.s ne retiennent que les trucs cons de notre époque ? Vous voulez laisser les Minions comme héritage de notre culture ? Enfin bon, vous voyez, sur un détail on peu aller chercher loin.
C'est ce qui rend ce film fascinant. Un peu à la "Bioshock", on nous raconte autre chose à travers des décors somptueux, trop fouillés pour tout voir la première fois. Ce n'est pourtant pas le scénario qui vous retournera le cerveau, offrant du temps libre pour tout observer, mais parfois on ignore où chercher. Les effets spéciaux sont impressionnants, presque plus que ceux d'"Aquaman".
Au final le scénario manque de surprise, et la réalisation de lisibilité dans certaines scènes d'action à hauteur Humaine. Sinon, le reste marque les esprits. Pas le reste, l'univers. Les personnages ne sont pas très très plaisants, assez clichés même. Anna Fang et le couple qu'elle forme avec Khora rappelle "Matrix", Tom est plus Han Solo, enfin bon, c'est du vu et revu. J'ai même oublié de citer "Terminator" avec un Shrike pas si détestable que ce que l'on croit au début. Passons. Les personnages ne vous marqueront pas, mais l'univers SteamPunk si. Évidemment si vous n'aimez pas ce genre d'univers, vous allez détester. Sinon, c'est excellent. J'y ai passé 2 très bonnes heures, le préférant même à "Aquaman" que j'avais pourtant bien aimé. Si vous pouvez le voir pas trop cher en VOD, ou alors quand il sortira en BluRay avec les offres 3 pour 30€, bah je vous le conseille. Par contre pas besoin de brancher le cerveau, ça reste un divertissement un peu concon. J'ai adoré.
@+